J’avais déjà l’impression que le temps s’accélérait. Mais cette année a été comme une éclipse, j’en viendrais presque à douter de son existence. Et si je me réveillais demain d’une long rêve? Si toute cette situation n’était qu’un songe? Je regarde  la nature, les arbres, le ciel, eux n’ont pas changé et continuent à traverser l’inlassable cycle des saisons. Les feuilles de l’automne sont balayées par le vent comme nos existences le sont par le temps…

Un jour, je serai comme lui, je serai le vent, dispersé et dispersant par mon souffle des feuilles qui ne sont pas encore nées. Je caresserai les montagnes, je porterai les oiseaux et chasserai les nuages… J’effleurerai la peau de tous ces condamnés à mort qui croient encore à l’éternelle incarnation. Déjà maintenant, quand je les regarde de loin, j’ai l’impression d’être derrière un mur éthéré mais infranchissable, sans possibilité de communiquer avec eux. Du bruit assourdissant des masses, il ne reste plus qu’un assourdissant silence et l’écho lointain d’un vent qui n’aura jamais fini de souffler…