La première fois que j’ai entendu du Thiéfaine, c’était lors d’un concert d’un groupe de reprises qui avait chanté Pulque, Mescal y Tequila. Cette chanson, allez savoir pourquoi, m’avait parlé et j’ai été écouter quelques autres titres de ce chanteur français. Dans ses textes, les métaphores sont reines du pavé, insaisissables écueils de ses imbuvables humeurs. Stratégie de l’inespoir est son dernier opus studio et force est de constater que même après presque 40 ans de carrière, la plume est toujours autant acérée et plus accessible qu’autrefois.
Durant mes écoutes, la première chanson que j’ai aimée est Lubies sentimentales, chanson d’amour passionnée mêlée d’ambivalence (ange quantique et démon fatal). Médiocratie est une critique des temps modernes, du règne de l’image et du paraître, un appel à l’humanité. C’est un peu convenu mais tellement vrai, face au marasme ambiant, ça fait du bien. Karaganda parle d’un goulag soviétique et des pauvres âmes qui y vivent encore.Dans Résilience zéro, Thiéfaine évoque les secrets de son enfance qui l’accompagnent jusqu’à aujourd’hui.
Certains des textes sont même de véritables poèmes qu’on peut lire sans musique et quand même en ressentir la mélodie:
Je me gare plus en double file
Devant l’hôtel des vieux amants
Et l’on me ramène à l’asile
Après avis d’internement
J’écoute les jours qui s’enfuient
Dans les eaux noires d’un lit glacé
J’ai trop traîné devant tes nuits
Dont les portes m’étaient fermées
Souvenirs de baisers volés
De cercles vicieux infernaux
De lèvres au goût d’herbe mouillé
Et de démons à fleur de peau
A fleur de peau
Fenêtre sur désert